Je ne sais pas si cela peut vous aider mais, dans les situations classiques (hors handicap), les remaniements hormonaux à l’adolescence ne sont pas compris par le jeune qui panique à l’idée de perdre le contrôle de lui-même.
Il se voit imposer un corps qui lui est inconnu donc qui l’effraie. Son estime de soi diminue et tout en se voulant repoussant (sale et désagréable), il a besoin de vérifier s’il est quand même aimable. Son agressivité va se tourner vers ceux dont il est le plus sûr de l’amour, ses parents. C’est mieux qu’une agressivité tournée vers lui-même, il pourrait alors tomber en dépression, voir même s’auto-détruire (TS). De plus, afin de se construire en tant qu’individu propre, il a besoin de s’opposer à ses parents. C’est exactement se qui se passe à l’âge du «non» vers deux ans et il est vrai que la manière dont cette crise d’identité a été gérée alors est en lien avec la manière dont l’adolescence va se vivre…
Il a été étudié que, contrairement à ce que l’on pense, ce ne sont pas les copains qui sont le plus important pour l’adolescent à cette période de la vie, mais la famille, comme un lieu de repli quotidien rassurant.
Dans le cas d’un enfant autiste, voire avec un handicap mental sévère, cette étape est d’autant plus critique que ces changements sont encore moins compris par l’enfant et qu’il sera également plus difficile de lui expliquer ce qui se passe dans son corps, un corps qui par sa pathologie n’est pas investi. Ne pas réagir à son agressivité est peut-être la moins mauvaise solution ainsi que le réassurer quant à l’amour que l’on a pour lui quoi qu’il fasse. (« tu pourras faire tout ce que tu veux, je ne serais pas contente, triste, peut-être, mais je t’aimerais quand même »). Avec ses déficiences cognitives, l’adolescent ne va pas savoir gérer ce stress et y faire face, des séances de relaxation Snozelen sont peut-être indiquées dans ce cas.
Madame Borde-Sevilla,psychologue, Hôpital Marin d’Hendaye, AP-HP