Interventions des Pr Pierre FARGE, Dr Anne MICHELET et Pr Dominique SEUX
(Notes prises lors de la journée de formation du réseau RSBDH du 6 décembre 2018)
La personne avec handicap n’a pas de prédisposition particulière pour les caries : elle a le même mécanisme étiologique que les personnes valides mais sa pathologie peut engendrer des facteurs aggravants
A/ Facteurs aggravants
1/ Troubles cognitifs :
- Refus de brossage dentaire
- Brossage mal exécuté
- Brossage fait trop vite
- Nombre de brossages insuffisant
- Brossage réalisé avant la prise alimentaire
2/ Facteurs de risques
- Alimentation sucrée (compensation affective)
- Soda/ coca cola
- Récompense de certaines méthodes (type ABA)
- Eau gélifiée édulcorée avec du sirop contenant des sucres cariogènes
3/ Facteurs liés
- A la pathologie
- Respiration buccale : sécheresse = augmentation des caries
- Hyperplasie (épaississement anormale) de la gencive (provoquée par des médicaments antiépileptiques)
- Malpositions dentaires
- Absence de schéma dento-gingivo déflecteur
- Edentation partielle ou totale
- Hypotonicité musculaire, absence de nettoyage naturel
- RGO
- aux comorbidités
- Xérostomie (sécheresse de la bouche) – hyposialie (diminution de production de salive) liées à : Traitement antiépileptique / neuroleptique / benzodiazépines/troubles de la déglutition/bavages
4/ Difficultés cognitives
- Opposition / anxiété
- Mouvements spastiques (chez les personnes IMC / suite à des séquelles d’AVC)
- Langue macroglossie (volumineuse) / langue curieuse qui s’interpose
5/ Difficultés orales de prise en charge
- Bruxisme – usure dentaire – fracture dentaire
- Difficulté de verbalisation et ressenti de la douleur
- Ouverture buccale
- Faible ouverture buccale
- Rétraction musculaire
- Evolution de certaines maladies
- Faible hauteur entre les arcades
- Réflexes nauséeux au contact du palais / dos de la langue
6/ Difficultés thérapeutiques de prise en charge
- Risque de fausse route : l’aspiration doit être efficace mais ce risque peut être lui-même anxiogène pour le patient
- Hypersensibilité : bruits / vibrations / goûts, textures
- Radiographies : difficiles à faire
B/ Situation d’urgence
Les signes d’appels à prendre en compte qui peuvent révéler la présence d’une lésion carieuse
- Troubles du comportement récents (2 à 3 mois)
- Pas de causes autres
- Douleurs
- Refus alimentaire
C/ Perte de chance (importance de la prévention et soins des dents)
- Douleurs, infections
- Perte de dents
- Perte de sourire
- Perte de capacité masticatoire
D/ Détermination du risque carieux individuel
Utilisation de la classification ICDAS / ICCMS. L’évaluation est faite en visuel après séchage des dents (pas d’intrusion)
La déminéralisation est due :
- Apports sucrés quantité-durée
- Bactéries
- Acides
- Altération salivaire
- Anomalies de structure
Les biomatérieux de réminéralisation
- Ciment verre ionomère (CVI) pour le scellement des puits et sillons. Appliqué par pression digitale
- Vernis à haute teneur en fluor.
- Mousse reminéralisante (prescrite sur ordonnance. Non remboursée). Un tube = traitement de 3 semaines
- Dentifrice fluoré à haute teneur en Fluor. Conseillé : le Duraphat (prescrit sur ordonnance. Non remboursé). A utiliser à partir de 16 ans. Amélioration constatée entre 3 et 6 mois
- Les gels et bains de bouche fluorés, mais ont peu d’intérêt car ils doivent être mis dans des gouttières
Prévention
- Eviter l’apparition d’une pathologie
- Prévenir la déminéralisation : thérapies fluorées, scellement des puits et sillons
- En présence d’une lésion carieuse : promouvoir la reminéralisation des lésions carieuses non cavitaires : thérapies fluorées, scellement des puits et sillons
Thérapeutique pour le patient à besoins spécifiques
ICDAS 1,2 : vernis, dentifrice à haute teneur en fluor, mousse reminéralisante
ICDAS 3 : scellement thérapeutique des sillons au CVI par pression digitale
ICDAS 4,5,6 : obturation cavitaire